La semaine des primeurs à Bordeaux, début avril c’est la grande foire de la pédophilie vineuse.
Le terme choque, mais a le mérite de poser le problème. Les vins présentés ont moins de 6 mois de vie. Ce sont des bébés maquillés (pis que des voitures volées), pour plaire aux dégustateurs.
Et sur cette base, d’ éminents dégustateurs décident de la qualité du millésime.
Ils cotent chaque vin au point près (100/100 ou 99/100 …grande différence)
Les négociants et propriétaires fixent en mai, juin, les prix des vins (inaccessibles pour la plupart d’entre nous)
Tromperie sur la marchandise ?
Le vin présenté à la dégustation en avril 2019 aura-t-il le même assemblage (merlot, cabernets…) que celui qui sera mis en vente en octobre 2020 ? On peut plus qu’en douter.
Le fût neuf au goût vanillé, marque surtout le vin dans les premiers mois. On goûte en fait, plus l’origine du bois , du tonnelier et de la chauffe que le vin lui-même.
Conclusion : on juge des vins en avril 2019 pour vendre (à prix d’or) des vins différents en octobre 2020
On se fout de nous !
Bordeaux 2018 Quid ?
Millésime du siècle pour certains spécialistes et non des moindres.
Millésime difficile avec un printemps très humide et pluvieux jusqu’à la mi-juillet, avec comme conséquence un fort développement de mildiou (l’ennemi numéro 1 de la vigne). Certaines propriétés ont perdu 50 à 70 % de la production surtout les vignobles en bio comme Palmer et Pontet Canet.
Millésime excessif avec certains vins titrant 15 voire 15,5 degrés d’alcool.
Millésime fort différent d’une région à l’autre. Rive Gauche n’est pas Rive Droite, le nord du Médoc n’est pas le sud, Pomerol n’est pas Saint Emilion.
Pourquoi déjà tant de communication sur 2018 ?
Parce que les crus de Bordeaux ont peur. Peur de la conjoncture avec des demandes en baisse de la part des chinois et des américains.
Parce que le cours du (simple) Bordeaux rouge s’effondre.
En mars 2019, le tonneau de 900 litres de 2018 s’est vendu à 1000 € contre 1310 € un mois auparavant. Le 2017 s’est échangé à 1496 €.
Oiseau de mauvaise augure
Je cite Vitisphère en guise de conclusion
« On est dans un sauve-qui-peut général face à un retournement généralisé des conjonctures »se désespère Dominique Techer (Confédération Paysanne de Gironde), qui alerte depuis des mois sur « une crise majeure, voire historique, des vins de Bordeaux : la situation est, au moins, équivalente à celle de 2003, quand les Américains boycottaient les vins français ». Pour lui, les vins de Bordeaux ont commis « une erreur stratégique globale » en étant trop dépendant au marché chinois et ne prenant pas plus tôt et plus forte le tournant écologique de la conversion à la bio.
Joyeuses Pâques
Jacques Giers