Les Beaujolais Primeurs sont de retour

Même si certains grincheux le boudent, l’arrivée en novembre de ce rouge fringuant, fruité, léger, croquant et joyeux, demeure « ce vin à la bouche de printemps dans un automne mélancolique », comme le disait avec émotion Bernard Pivot, grand défenseur du Beaujolais où il a vécu. Il faut oublier cette histoire de banane qui lui colle encore trop souvent à la peau.  Ce goût, dominant dans les années de fin de siècle, était dû à l’utilisation d’une levure – la « 71B » – qui développait des esters (acétate d’isoamyle) responsables d’une forme d’artificialité. Le cépage gamay, vinifié en grappe entières, exacerbe ses arômes et son fruité naturel grâce à une courte macération.

On oublie les année « banane »

Cette année, la météo a été compliquée. Beaucoup d’humidité, des attaques de mildiou ( une maladie de la vigne)  et une récolte amputée d’environ 20%. Mais la qualité est au rendez-vous. Un fruité bien présent, une belle fraîcheur en bouche, un côté friand que l’on retrouvait peu dans les deux millésimes précédents (surtout 2022, année d’opulence). Bref, un vrai Beaujo primeur ! A boire un peu frais (14°) en compagnie de terrines, boudins, charcuteries (rosette de Lyon), fromages de chèvre et Saint-Marcellin, andouillettes…

Après dégustation ce jeudi…

Voici mes préférences. Avec tous un dénominateur commun cette année : ce côté vraiment primeur, très fruité et croquant

Château de Corcelles, Beaujolais Nouveau

Au cœur des Crus du Beaujolais (près de Morgon), les vignes de ce Domaine nous offrent un Primeur très harmonieux entre fruité, fraîcheur et même une certaine structure. Loin des caricatures de ce type de vin.

Beaujolais Nouveau, mise en bouteille par Dominique Passerot

L’enseigne au lion ne propose cette année qu’un seul Beaujolais Primeur, mis en bouteille dans la région (et non dans ses chais bruxellois). Un fruité très marqué (toujours ces notes de petits fruits rouges), un joli juteux qui fait saliver. Le meilleur rapport prix/qualité.

Et aussi…

Beaujolais Nouveau , Moillard

Dans sa bouteille très vintage (avec bouchon de type limonade et bière de table de jadis), il présente un joli fruité sans explosion aromatique. Ce qui n’est pas péjoratif.

Beaujolais Nouveau, Georges Duboeuf

Il fut l’initiateur très médiatisé du Beaujolais Nouveau. C’est lui qui l’a fait connaitre dans le monde entier. Cette année, par rapport à d’autres dégustés, il nous semble un peu en retrait par un fruité trop discret. Mais toutefois aussi à recommander.

Château de Corcelles, Beaujolais Villages Nouveau

Issu de vieilles vignes, ce Primeur Villages se montre davantage structuré que son « petit » frère. On est dans un autre registre. Il pourra accompagner un plat plus consistant (volaille, rôti de bœuf).

Beaujolais Villages Nouveau 2024, La Cave d’Augustin Florent

Fruité enjôleur mais peu typé « Villages » et donc très glouglou… Très bon rapport qualité/prix

Beaujolais Villages Nouveau,  Bichat,  « sans sulfites ajoutés »

Pas de rajout de soufre donc durant son élaboration. Plaisantes évocations de fruits rouges qui en font son charme .Très glissant…

Patrick Fiévez